Si le varois n'a pas su résister au retour d'un Anton Marklund étincelant et qui s'est fait un point d'honneur à chiper le titre de vice-champion d'Europe au pilote Peugeot lors de cette ultime confrontation de la série Euro RX, il n'empêche que Cyril Raymond a bien failli ne jamais voir l'hypothèse d'un nouveau podium se concrétiser sur la piste de Riga.
De son titre obtenu voici deux ans dans les rangs du RX2, Cyril Raymond nous avouait en préambule de l'épreuve balte ne pas avoir conservé un souvenir exceptionnel du circuit letton. Certes, les 12 virages d'une rare technicité et l'absence totale de terre font du tracé de Bikernieku un des plus sélectifs du calendrier mais, dès samedi matin, c'est surtout la pointe de vitesse affichée par les intouchables Reinis Nitiss et Anton Marklund qui semblait surtout inquiéter le varois. Pour la première fois depuis son arrivée sur la scène du Supercar et de la série Euro RX, Cyril s'est heurté à un casse-tête pour le moins colossal à résoudre.
A Riga, et sur la totalité du meeting, Cyril se sera contenté de la quatrième place du "Big Four" dans le sillage de Marklund, Nitiss et Szabo. Trois hommes contre lesquels il avait toujours su trouver la clé pour faire jeu égal voire surpasser les favoris naturels de ce championnat d'Europe. A Riga, Cyril aura essuyé un retard moyen de 4 dixièmes sur un tour lancé face à Marklund contre un débours de trois dixièmes sur Nitiss. Autant dire que, sur le papier, cette deuxième place décrochée à l'arrivée de la finale avait néanmoins un arrière goût de victoire. Au terme des essais libres, l'écart séparant Cyril d'Anton Marklund était d'une seconde pleine et avait même fait craindre le pire au pilote tricolore.
"Honnêtement, je peux aller grappiller 5 dixièmes au maximum sur Anton mais une seconde pleine, c'est impossible. Je suis à bloc partout et je ne me vois pas comment je vais pouvoir combler ce déficit" indiquait Cyril.
Pas de quoi empêcher les hommes de Romain Darthenay de revoir passablement leur copie au terme d'une première journée de compétition conclue, certes à la troisième place du classement intermédiaire, mais avec une pointe de vitesse en berne qui rendait la mission du varois compliquée.
"En début de week-end, l'écart qui me séparait de Reinis Nitiss était de trois ou quatre dixièmes sur un tour lancé. Autant dire que la performance n'était pas vraiment là. Cela nous a forcé à travailler d'arrache pied sur le setup de la voiture tandis que j'en suis aussi passé par une sérieuse remise en question samedi soir. Dimanche matin, cette double remise en question à la fois technique et mentale a toutefois commencé à produire ses premiers effets lors du warm-up. Nous avons complètement modifié le setup et notre méthode a parfaitement fonctionné puisque nous avons réussi à réduire le débours qu'on cumulait depuis la veille sur Marklund et Nitiss"
Cyril Raymond répond à la pression!
De retour dans le match, Cyril allait toutefois rapidement déchanter suite à un problème moteur essuyé dès le coup d'envoi de la Q3. D'un feeling pour le moins au beau fixe au terme du warm-up, ce dernier ne profitera pas des deux derniers runs du meeting pour conforter la pointe de vitesse retrouvée de sa machine.
"En Q3, l'objectif était de tout faire pour tenter de sécuriser ma deuxième place au classement général du championnat mais, malheureusement, mon moteur en a décidé autrement suite à une fuite détectée au niveau de l'injection"
Contraint de couper son effort dès le premier tour de course, c'est depuis la sixième place du classement intermédiaire que Cyril se préparait à aborder les phases finales au terme d'un changement de moteur express opéré à l'issue de la Q4.
Pas de quoi préserver le varois de quelques "chaleurs" dont il se serait bien passé. Chahuté sur le premier virage de la demi-finale, Cyril laissait Nitiss, Munnich et Kalliokoski s'emparer des trois premières places sur les premiers mètres de course. Rien de grave, certes, mais charge est de constater qu'en validant son joker lap dès le premier tour de course, il s'en est fallu de peu pour que l'intéressé ne voit jamais le chemin de la finale se concrétiser. Deux secondes plus lents que Cyril sur leur meilleur tour lancé, Philip Gerhman et Tamas Karai ont bien failli faire déjouer la stratégie du varois dans le joker lap. En réalité, sans un accrochage quelques mètres plus loin entre Gerhman et Karai, jamais le pilote de la Peugeot 208 ne serait parvenu à combler son déficit sur la Renault Clio 4 G-FORS de Jere Kalliokoski.
Après coup, le pilote Peugeot ne manquait pas d'admettre que son choix de valider le joker lap dès le premier tour de course relevait d'une stratégie à très haut risque.
"Quand je me suis retrouvé derrière Karai et Gerhman à la sortie du joker lap dans le premier tour, j'ai vraiment eu peur que ça ne passe pas. Je suis remonté extrêmement vite à leur hauteur. Pour ne rien arranger, Karai est parti en tête à queue juste devant moi et j'ai perdu du temps en essayant de contourner sa voiture tandis que Kalliokoski a immédiatement répliqué à mon offensive en profitant de cette opportunité pour valider son joker lap"
Raymond ne lâche rien!
Autant dire que c'est à la force du poignet que Cyril sera allé décrocher sa qualification pour l'ultime Top 6.
"Jere Kalliokoski disposait d'une très belle avance sur moi une fois son joker lap validé. A partir de ce moment précis, j'ai vraiment eu la rage et j'ai absolument tout donné. Je suis vite revenu sur lui avant qu'il ne cède sous la pression en retardant son freinage dans la dernière portion du circuit. Jere n'a pas tenu très longtemps mais je dois admettre que, compte-tenu de ma position à la fin du tour 1, parvenir à rallier la finale dans ce contexte constituait déjà une très belle performance"
Pendant ce temps, son duel à distance avec Anton Marklund pour la deuxième place du classement général avait largement tourné à l'avantage du pilote suédois. Si ce dernier fut ralenti en finale par de multiples problèmes techniques, il s'assurait toutefois de coller au train de Cyril Raymond pour valider définitivement sa couronne de vice-champion d'Europe Supercar.
Une finale durant laquelle Cyril aura su forcer le destin pour se jouer des troubles qui se sont chargés d'accabler sa performance globale depuis le coup d'envoi du meeting. Une nouvelle fois, c'est au mental que le varois s'est employé à faire la différence pour échouer sur les talons du roi "Nitiss" au passage du drapeau à damiers.
"En finale, l'objectif était clair: tenter quelque chose depuis la troisième ligne de la grille. Avec les fous furieux que j'avais devant, je savais qu'il pouvait encore se passer beaucoup de choses. Pour le coup, ça n'a pas manqué puisque dès la sortie du virage 4, Szabo est parti dans une large dérive tandis que Marklund, en tentant de le dépasser, m'a permis de recouper à la corde pour prendre la deuxième place. A partir de ce moment précis, ma seule cible, c'était Nitiss. Je ne me préoccupais plus que de lui et c'est à cet instant que j'ai clairement eu les meilleures sensations du week-end au volant de la voiture. Visuellement, je l'avais en point de mire et même si je sentais qu'il parvenait à faire la différence sur certains secteurs de la piste, j'ai fait en sorte de me battre jusqu'au bout pour la victoire. Même si, au final, il nous a manqué trois dixièmes, je n'ai jamais rien lâché durant ces six tours"
Si de deuxième victoire il n'y eut pas en Lettonie, en revanche, Cyril Raymond aura démontré que même bousculé et ralenti dans le trafic, le pilote Peugeot était capable de se relever des situations les plus tendues. Une donne avec laquelle il n'avait jamais véritablement eu à composer du temps où il archi-dominait les rangs du RX2 à la manière d'un Kristoffersson sur la scène du World RX.
"Je ne peux qu'être content de moi et du travail fourni par l'équipe ce week-end. Nous n'avons pas arrêté de travailler depuis samedi matin et le boulot que les gars ont abattu fut tout simplement exceptionnel. De mon côté, j'ai été contraint de me remettre en question. Au final, le week-end fut bizarre mais extrêmement instructif. C'est la première fois que je vis une course aussi difficile mais c'est aussi dans ce genre de contexte qu'on apprend le plus. Jamais nous n'avons relâché notre effort et c'est assurément le point le plus important à mes yeux"
Plus que la deuxième place d'un classement général finalement revenue à Anton Marklund, Cyril Raymond n'oublie pas le chemin parcouru depuis Mettet, et ce, alors même qu'il fut contraint de faire l'impasse sur l'épreuve d'ouverture de Barcelone.
"Oui, on passe à côté d'un titre de vice-champion d'Europe pour un point mais, peu importe. Je suis content de notre course. Je ne pouvais pas rêver meilleure préparation pour Buxtehude car je sais pertinemment que je ne serai pas à mon avantage sur cette piste et que, de la manière que nous avons pu le faire ici, nous ne devrons rien lâcher. Riga était le meilleur moyen de préparer cette course en World RX. Si Buxtehude s'était déroulée juste après Lohéac, je ne pense pas que nous aurions abordé cette épreuve avec une application aussi extrême que celle que nous avons dû mettre en oeuvre en Lettonie"
A défaut de victoire, c'est paradoxalement en Lettonie que Cyril Raymond s'est permis de signer sa performance la plus aboutie depuis sa transition à plein temps sur la scène de l'Euro RX et du Supercar.